La peinture comme refuge

Hypersensible et introvertie, la peinture a toujours constitué pour moi un refuge. C’est aussi un territoire privilégié d’expression, d’exploration et de liberté. Un espace protégé où me déployer, où créer un univers dans lequel je me sens bien. C’est une pratique nécessaire à mon équilibre. 

 

Lumière et poésie

On m’a souvent parlé de la lumière dans mon travail,  de poésie ou encore de silence, et parfois de mouvement. Je revendique ces différents aspects, nourris de tout un monde artistique et littéraire, touffu et éclectique, de mon histoire et de ma sensibilité propre.

Néanmoins, l’origine et l’aboutissement de toute ma peinture, c’est l’émotion. Elle est à la fois mon déclencheur et mon moteur. Elle passe à travers moi, retentit amplifiée comme dans une caisse de résonance, et ressurgit sur la toile par des voies assez mystérieuses. 

Je crois profondément que les émotions – notamment artistiques – ont le pouvoir de nous rappeler à notre nature authentique, et par là, à nous connecter entre humains de sensibilités voisines. Plus intimes et personnelles sont les émotions, plus elles ont paradoxalement le pouvoir de toucher à l’universel. C’est pourquoi je les crois si importantes et si puissantes. Je me suis aperçue qu’elles étaient le centre gravitationnel de toute mon entreprise artistique. Et j’aime l’idée de jouer un rôle de passeur d’émotions à travers l’exercice de mon art.

 

Passer l’émotion

La lumière en est ici le moyen plastique et le véhicule ; l’huile, le médium privilégié : je ne me lasse pas d’en explorer les possibles et les nuances, en matière comme en couleur. Je balance entre deux pôles que j’essaie inlassablement de mettre en équilibre : simplicité et profondeur. Je me réjouis d’une touche unique de pinceau qui réussit à évoquer une forme ou une attitude avec justesse, dans l’élan et la fluidité du geste ; et tout autant du raffinement du traitement d’un fond ou d’une forme, avec transparences, superpositions, effets délicats, qui enrichissent la matière même de la représentation. J’aime aborder la représentation à partir d’un certain chaos, d’où la forme surgit comme par accident, émergée, puis brouillée, puis structurée à nouveau… De là une exploration perpétuelle des moyens plastiques qui me pousse à toujours me renouveler.

Pour transmettre l’émotion, il faut d’abord la vivre, ce qui n’advient que dans le moment présent et sans prédiction. Il s’agit pour moi d’épouser cette impermanence avec un certain lâcher-prise, à l’écoute de ce qui retentit en moi à ce moment – la création comme un chemin vers soi-même, la toile comme un miroir de ce que l’on porte en soi. 

 

Si la peinture sur le motif n’est plus aujourd’hui l’essentiel de ma pratique, elle continue de la nourrir et de la renouveler par l’intense connexion au réel qu’elle induit. Le reste se développe dans l’espace protégé de l’atelier, nourri de mémoire, d’émotions et d’imaginaire, à l’écoute de ce qui vibre et rayonne en moi.

 

Bienvenue dans cet univers s’il résonne en vous.